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Texte
de ma lettre de prostestation et de désabonnement au journal
LE COURRIER :
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Le
Courrier Genève, le 15 mars 2021 |
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Chers-ères administrateurs-trices, chers-ères rédacteurs-trices du Courrier, Quelle mouche vous a-t-elle donc piqué-e-s pour que vous allassiez vous fourvoyer ainsi dans le bourbier de l'écriture dite « inclusive » ? Pour ma part, j'ai de sérieux doutes sur l'efficacité de ce qu'elle prétend inclure, mais pas l'ombre d'un doute, en revanche, sur ce qu'elle exclut ipso facto : elle exclut les gens qui, comme c'est mon cas, aiment la littérature en général et la langue française en particulier. Mon propos n'est pas ici de refaire le procès de l'écriture inclusive, je me bornerai à mentionner que je souscris pleinement à ce qu'en a dit madame Dominique Bona, de l'Académie française, lors d'un entretien à France Culture le 27 octobre 2017 [cliquer ici pour retrouver cet entretien] : « Nous sommes quatre académiciennes, et toutes les quatre, nous pensons que la liberté et l’égalité des femmes ne passent pas par le massacre de la langue française. Ce n’est pas en la compliquant, en la rendant pour le moins illisible, qu’on obtiendra un progrès de la condition féminine. » Ce passage en force de l'écriture inclusive, je le perçois de la même manière que les applaudissements à heure fixe aux fenêtres : dans les deux cas, démarche inutile, démagogique et condescendante. Tant la cause des femmes que celle du personnel soignant me semblent mériter mieux que ces niaiseries, et je suis persuadé que ce à quoi les femmes aspirent est d'être traitées avec respect et avoir des salaires équitables, et ce à quoi aspire le personnel soignant est d'avoir des conditions de travail décentes. La langue française est une fière luronne qui s'est toujours prêtée de bonne grâce à toutes sortes de fantaisies, des graphies approximatives d'un Montaigne aux outrances délirantes d'un San-Antonio. Ce qu'elle n'aime pas, mais alors pas du tout, c'est lorsque l'on cherche à l'embrigader de force. La dernière tentative en date, commise en 1990 par le pompeusement nommé « Conseil supérieur de la langue française » est allée fort opportunément rejoindre les précédentes dans les poubelles de l'Histoire, et je trouve que c'est très bien ainsi. Et je souhaite sincèrement qu'il en sera au plus vite de même pour l'écriture inclusive. Cela étant, j'ai le regret de vous informer par la présente que, depuis une semaine que je reçois Le Courrier mis à la sauce inclusive, celle-ci m'horripile tellement que je ne peux simplement plus lire ce journal, et que je résilie mon abonnement avec effet immédiat. Croyez-moi, cela me fait de la peine de renoncer à un journal avec lequel je n'étais certes pas toujours d'accord mais dont j'appréciais l'honnêteté journalistique, et auquel j'étais abonné depuis un quart de siècle. Veuillez agréer, chers-ères administrateurs-trices, chers-ères rédacteurs-trices, mes salutations distinguées.
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Marc-André Oberholzer | ||||